Au milieu du 19ème siècle, le Comte Joseph de Carayon-Latour voulant régénérer la race déclinante des chiens de Saintonge, unit les derniers descendants avec les Bleus de Gascogne du Baron de Ruble, créant ainsi le Gascon Saintongeois, mais provocant la disparition du chien de Saintonge.
Les derniers représentants de la race pure constituaient la meute célèbre de M. Saint-Légier. Or vers 1849, les loups, qui étaient la spécialité du maître d'équipage avaient disparu. M. de Saint-Légier fit don de toute sa meute à M. Auguste Henness. Ils y ont été immédiatement transformés en anglo-saintongeais, bien connus sous le nom de 'Têtes noires du Pas des Chaumes'. Le premier croisement provenait de l'alliance de l'étalon anglais Firebrand et de la Saintongeaise Magicienne.
Quelques autres des derniers Saintongeais étaient passés chez M. de Carayon-Latour qui produisit avec eux les magnifiques et excellents Gascon-Saintongeais dits de Virelade. On peut donc en conclure qu'il y a plus de cent ans qu'il n'existe plus un Saintongeais strictement pur. On cite bien une chienne du nom de Calypso exposée en 1863, au sujet de laquelle le marquis de Dampierre qui, pendant sa jeunesse, avait chassé avec le Comte de Saint-Légier qu'il retrouvait en elle le type qu'il croyait disparu depuis vingt-cinq ans. Avec sa tête sèche et osseuse, ses oreilles fines, longues et noires, ses tâches de feu pâle, son encolure dégagée, ses pattes de lièvre, son air de noblesse, sa voix profonde rappellent parfaitement le portrait type de cette race. Deux caractéristiques de ce chien montrent plus particulièrement qu'il était loin d'être quasiment pur. Jamais un Saintongeais n'était bicolore à taches fauves. Le Saintongeais était plutôt chiche de voix.
Voici la description qu'en fait le Comte Le Couteulx : 'Blanc avec tâches noires, oreilles noires, palais et testicules noirs, marqués de feu pâle au-dessus des yeux, légèrement truites de noir sous poil, de la plus haute taille 0,66 à 0,77 centimètres, tête décharnée, nez légèrement retroussé, ou du moins faisant cet effet par suite de la grande largeur et épaisseur des narines, paupières inférieures très tombantes, oreilles demi-longues fines, très papillotées, le rein assez étroit et courbé, le flanc sec et décharné, la poitrine profonde, la patte de lièvre. Ils sont généralement un peu droits sur leur devant et leur vitesse est encore assez grande, leur allure étant composée d'un bon branle de galop mêlé d'un trot allongé et soutenu. Ils ont une gorge magnifique mais fournissent de loin en loin. Leur nez est exquis. Ils sont entièrement droits dans la voie, ont une allure régulière et toujours la même et le grand chasseur du chien d'ordre. Ils chassent toute espèce de bêtes et fort bien le loup. Plus grand, plus beau, plus noble que ceux de presque toutes les races françaises, pur de toute alliance depuis plus de trente générations, le vrai chien de Saintonge, avec sa poitrine profonde et son flanc resserré, sa patte sèche et allongée, son rein arqué et sa queue effilée ressemble beaucoup au lévrier, et s'il ne brille pas au premier rang, c'est qu'il n'en a pas la volonté et que sa manière de crier retarde un peu son allure. Il va sans se presser, confiant dans son fond et son odorat étonnant. Plutôt que de mettre bas, il consentira peut-être à chasser en queue, mais sa ténacité viendra à bout de tout, au débucher, son dos à ressort le placera bientôt en bon rang, et après dix heures de course sur un vieux loup, il fera couler à fond le brillant matador, qui le matin le laissait loin derrière. Il est très disciplinable et facile à mener en meute'.